Ici, une représentation du Pays de Cocagne : on y fait pousser des fromages, les barrières sont en saucisses, et les oeufs à la coque sont sur pattes.
Autour de la table gisent endormis trois personnags : un clerc, un soldat et un paysan, représentant trois différentes classes sociales. La condamnation du vice auquel se sont livrés ces hommes est paraît-il typique de Pieter Brueghel l'Ancien.
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Le pays de Cocagne - Pieter Bruegel l'Ancien |
Dans l'Alte Pinakothek, une exposition est en ce moment consacrée à ce dernier.
Comme tout apprenti-peintre flamand du XVIème siècle, Ian Brughel est envoyé en Italie pour s'y former auprès des plus grands peintres de l'époque. Il en revient avec des carnets pleins de croquis.
Ici, Rome (Saint Pierre et le Château saint Ange) :
Une fois revenu aux Pays-Bas, il s'inspire de ses croquis.
Ici, la prise de Troie : si l'on distingue effectivement un cheval blanc, à droite du dessin, on reconnaît très nettement le château Saint-Ange, le Pont sur le Tibre et le Dome de Saint-Pierre, qui semblent comme décalqués du croquis précédents :
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Jan Brueghel der Ältere - La prise de Troie |
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Jan Brueghel der Ältere - Enfers |
Imitant son frère, Jan Brueghel se met ensuite à représenter, sur de grandes toiles, une foule au premier rang et un paysage de plus en plus élaboré au lointain :
Ici, village de pêcheurs écoutant le Christ (Le jeu "Cherchez le Christ", ancêtre des albums pour enfants "Où est Charlie" ?) :
Là, la crucifixion du Christ, à partir d'une gravure de Dürer :

Ian Brueghel finit toutefois par se lasser de ces grands tableaux exigeant maîtrise de la perspective et détails précis pour caractériser chaque acteur de la scène représentée, comme ici (on note une maîtrise remarquable de la perspective : les bateaux, au loin, deviennent flous, et leurs couleurs sont plus ternes) :

Brueghels'associe alors avec un autre grand peintre de l'époque : à Rubens de peindre les personnages et chérubins, pendant que Brueghel se chargera des couronnes de fleurs :
Or ce tableau remporte un succès démesuré, assurant la fortune des deux peintres. Brueghel se lance alors dans la peinture de fleurs, respectant toujours un modèle à peu prèsidentique :

Parfois, on note l'influence de son temps : on distingue en effet toucans, perroquets et cochon d'inde découverts par les premiers explorateurs des Amériques ; la Sainte Famille et le M de Marie ne sont qu'un prétexte : ce qui intéresse Brughel, c'est bien cette profusion de fleurs, de fruits et de légumes :
Prenant conscience que la collaboration avec un autre peintre peut être fructueuse, Brueghel renouvelle désormais régulièrement cette expérience : il se spécialise dans la peinture des paysages, laissant à d'autres la responsabilité des personnages.
Ici, on se plaît à distinguer ce qui a été peint par Brueghel de ce qui est né du pinceau de l'un de ses amis.
Tandis que les personnages attablés sont peints par Balen, le paysage qu'on aperçoit par la fenêtre, les tableaux grâce auxquels il se cite lui-même et les verroteries à même le sol sont probablement dus à Jan Brueghel ; il ne s'est sans doute pas risqué à représenter les convives fêtant le Mois de Janvier (on aperçoir un Janus à deux visages près de la fenêtre) :
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Brueghel und Balen - L'hiver |

Afin d'être capable de peindre sur commande toutes sortes de scènes de chasse, Brueghel ne se départit pas d'un carnet de croquis, lui permettant de représenter au cours de ses promenades... chiens et animaux non dénués d'intérêt !
Phrase du jour :
"J'ai peint sur ce tableau tout ce que je suis à même de faire. Je pense que jamais encore tant de fleurs, aussi rare et aussi variées, n'ont été peintes avec une telle application. En hiver, cela donnera un beau spectacle."
(Jan Brueghel, 1606, Lettre au Cardinal)
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