mardi 30 octobre 2012
lundi 29 octobre 2012
Munich, jour 27 (Lundi 29 octobre) : Ouverture d'esprit et ingénuité
Lundi, jour des "cours participatifs", TD et séminaire.
La participation active des étudiants et le silence des enseignants, continuent de me laisser perplexe.
A Munich, j'ai maintes fois eu l'occasion d'expliquer le système universitaire français. J'ai souligné les faiblesses de celui-ci, le problème du centralisme parisien et de l'hégémonie des grands établissements, le rôle essentiel de l'implicite dans l'orientation et la sélection des étudiants. J'ai remarqué combien les étudiants allemands que je fréquente donnent l'impression de multiplier les activités épanouissantes à côté de leur cursus exigeant.
Pourtant, ce matin, au cours du TD sur le passé nazi, je repense à mes cours d'Hypokhâgne, à ce professeur d'histoire extraordinaire et à ses cours magistraux concernant l'Affaire Dreyfus, l'antisémitisme en Europe, la situation économique et sociale de l'Allemagne des années 1920. Je me réjouis d'avoir pu profiter d'un enseignement général, permettant de replacer les événements et les faits culturels dans un contexte large.
Le séminaire de l'après-midi, portant sur la religion dans nos sociétés "post-sécularisées", laisse, lui, transparaître une certaine malhonnêteté des étudiants qui, sous prétexte d'ouverture d'esprit, posent des questions faussement ingénues.
Le Dozent nous propose de chercher à définir le terme de "religion".
Craignant d'être victimes de leurs a priori européo-centrés (et de leur culture bavaroise ?), ils prétendent vouloir voir plus loin que le seul christianisme, et prennent les exemples du bouddhisme ou du taoïsme. En viennent à se demander si le football n'est pas une religion, si le yoga n'est pas une religion, si la façon dont les Africains vivent leur catholicisme n'est pas plus noble que la pratique des Bavarois. Qu'on soulève ces questions paraît légitime ; que le Dozent n'ait jamais le rôle d'arbitre, d'éclaireur de conscience, ou simplement de porte-parole d'auteurs m'étonne. N'a-t-il rien à répondre à cette jeune fille qui prétend que le concept de transcendance ne lui semble pas pertinent pour définir le concept de "religion" ?
Evidemment, il faut se réjouir de l'ouverture d'esprit des étudiants et se féliciter de la capacité des uns et des autres à prendre la parole en public : peut-être les Français n'en ont-ils pas l'habitude. Reste que la vacuité de certains palabres me navre un tantinet.
Le lundi, c'est aussi cours de version. Je voulais vous soumettre certains exemples de traductions proposés en classe, mais j'ai entre temps appris que l'enseignante était normalienne. Par solidarité de classe, je ne me permettrai désormais plus d'exprimer ma propre opinion à ce sujet. A la place, je lancerai le sondage suivant : qui avait déjà entendu parler du traumatisme de Marine Le Pen, réalisant à 8 ans à quel point la politique pouvait être violente, au moment où un attentat détruisait une bonne partie de la maison familiale ?
Les intéressés trouveront de plus amples informations en lisant l'article suivant, traduit en classe : "Sie gibt sich als moderne Frau – ist sie wirklich harmloser als ihr Vater Jean-Marie Le Pen?"
La participation active des étudiants et le silence des enseignants, continuent de me laisser perplexe.
A Munich, j'ai maintes fois eu l'occasion d'expliquer le système universitaire français. J'ai souligné les faiblesses de celui-ci, le problème du centralisme parisien et de l'hégémonie des grands établissements, le rôle essentiel de l'implicite dans l'orientation et la sélection des étudiants. J'ai remarqué combien les étudiants allemands que je fréquente donnent l'impression de multiplier les activités épanouissantes à côté de leur cursus exigeant.
Pourtant, ce matin, au cours du TD sur le passé nazi, je repense à mes cours d'Hypokhâgne, à ce professeur d'histoire extraordinaire et à ses cours magistraux concernant l'Affaire Dreyfus, l'antisémitisme en Europe, la situation économique et sociale de l'Allemagne des années 1920. Je me réjouis d'avoir pu profiter d'un enseignement général, permettant de replacer les événements et les faits culturels dans un contexte large.
Le séminaire de l'après-midi, portant sur la religion dans nos sociétés "post-sécularisées", laisse, lui, transparaître une certaine malhonnêteté des étudiants qui, sous prétexte d'ouverture d'esprit, posent des questions faussement ingénues.
Le Dozent nous propose de chercher à définir le terme de "religion".
Craignant d'être victimes de leurs a priori européo-centrés (et de leur culture bavaroise ?), ils prétendent vouloir voir plus loin que le seul christianisme, et prennent les exemples du bouddhisme ou du taoïsme. En viennent à se demander si le football n'est pas une religion, si le yoga n'est pas une religion, si la façon dont les Africains vivent leur catholicisme n'est pas plus noble que la pratique des Bavarois. Qu'on soulève ces questions paraît légitime ; que le Dozent n'ait jamais le rôle d'arbitre, d'éclaireur de conscience, ou simplement de porte-parole d'auteurs m'étonne. N'a-t-il rien à répondre à cette jeune fille qui prétend que le concept de transcendance ne lui semble pas pertinent pour définir le concept de "religion" ?
Evidemment, il faut se réjouir de l'ouverture d'esprit des étudiants et se féliciter de la capacité des uns et des autres à prendre la parole en public : peut-être les Français n'en ont-ils pas l'habitude. Reste que la vacuité de certains palabres me navre un tantinet.
Le lundi, c'est aussi cours de version. Je voulais vous soumettre certains exemples de traductions proposés en classe, mais j'ai entre temps appris que l'enseignante était normalienne. Par solidarité de classe, je ne me permettrai désormais plus d'exprimer ma propre opinion à ce sujet. A la place, je lancerai le sondage suivant : qui avait déjà entendu parler du traumatisme de Marine Le Pen, réalisant à 8 ans à quel point la politique pouvait être violente, au moment où un attentat détruisait une bonne partie de la maison familiale ?
Les intéressés trouveront de plus amples informations en lisant l'article suivant, traduit en classe : "Sie gibt sich als moderne Frau – ist sie wirklich harmloser als ihr Vater Jean-Marie Le Pen?"
Phrase du jour :
"Ah, vous avez fait Henri IV et Normale Sup' ? Comme c'est rigolo : moi aussi !"
(Où l'on se rend compte que la notion de "corrélation" est étrangère à certains...)
dimanche 28 octobre 2012
Munich, jour 26 (dimanche 28 octobre) :
Je n'ose me complaire dans des vers de mirlitons, mais ne peux m'empêcher de me réjouir du paysage magnifique de cette ville blanchie.
Je commence par explorer le centre ville :




Fin d'après-midi : gâteaux du dimanche et Oktoberfest-Tee :
Munich, jour 25 (Samedi 27 octobre) : Flocons tout ronds et carreaux de photo
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Wienerplatz pas encore sous la neige |
Aujourd'hui ressemble à un profond tournant : jusqu'à présent, nous pouvions encore avoir l'illusion que l'été ne demandait qu'à se prolonger.
Avec les premiers flocons, il faut se rendre à l'évidence : les terrasses ferment, les cornets de glace se transforment en sachets de marrons chauds, et les parapluies vont remplacer les éventuels derniers parasols.
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Wienerplatz, la semaine dernière |
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Wienerplatz ce samedi |
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Jusqu'à aujourd'hui, on profitait d'un vague répit, |
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Mais le rideau du glacier risque bien de demeurer tiré, désormais. |
Bravant les éléments, je vais acheter quelques oeufs afin que nous puissions nous réchauffer autour de thé + cookies. Instant délicieux.
En soirée, C. vient frapper à ma porte pour me proposer de participer au projet collectif visant à célébrer le Max. du jour : S, 17 ans. C. est ein "Goldstück", que tout animateur de colonies de vacances/camps scouts aurait rêvé d'avoir dans son équipe. Elle a toujours une attention pour chacun, se charge de réunir la communauté autour d'un même but et de veiller à la bonne marche des événements. Pour l'anniversaire de S., elle a fait agrandir la photo de profil FB de celui-ci, l'a découpée en 60 petits carrés, et propose que chacun des signataires de la carte d'anniversaire reproduise deux carreaux sur une toile en tissu.
Le premier carreau est d'une difficulté assez enfantine, ce qui permet à C. de tester chaque candidat-dessinateur et de lui proposer ensuite de reproduire un second carreau, éventuellement plus corsé.
En ce qui me concerne, je n'ai pas eu le droit de dessiner autre chose que des arbres (carreau vert) et l'âne avec lequel S. a fait deux mois de randonnée cet été (carreau noir) ; mais j'ai aimé contempler ceux qui étaient plus doués, dans cette ambiance chaleureuse que seul fait naître un projet ludique :

En fin de soirée, discussion avec C. et C. à propos la culture anglaise telle qu'elle est représentée dans Twilight et dans Harry Potter ; plus particulièrement : dans quelle mesure l'ambiance décrite par J.K. Rowling est-elle directement inspirée par sa connaissance "d'Oxbridge" ?
Malheureusement, la discussion tourne court assez vite : la seule Anglaise du groupe se révélant... n'avoir pas lu tous les tomes d'Harry Potter !
Phrase du jour :
"Wir gehören nicht zu derselben Generation.
Alle Leute meiner Generation haben die 7 Bände von Harry Potter gelesen!"
vendredi 26 octobre 2012
Munich, jour 24 (Vendredi 26 octobre) : Fragments
Dans le cadre d'un travail en groupe absurde, pour un séminaire non validable, et que j'avais décidé suivre par pure curiosité, il m'est demandé de m'intéresser au commerce extérieur allemand et aux relations de dépendance que l'Allemagne entretient avec ses partenaires commerciaux.
Je m'intéresse particulièrement aux médicaments, et je m'entoure de chiffres intéressants auxquels j'essaye de donner du sens : le prix moyen de la tonne exportée est par exemple deux fois supérieur à celui de la tonne importée (70 000 € contre 35 000 €). L'Allemagne importe donc des produits pharmaceutiques pour peu cher, qu'elle transforme peut-être ensuite, et qu'elle revend alors très cher. Elle importe ainsi près de 400 000 tonnes de produits pharmaceutiques à la France, exporte 70 000 tonnes vers celle-ci, alors que la valeur en Euros des importations et des exportations est identique...
Autre chiffre "intéressant" : le prix moyen de la tonne exporté en Libye est de 14 000 € ; celui de tonne vendue aux USA de 280 000 €. Pour les uns, une tonne de produits ultra-basiques, aux autres des médicaments ultra-sophistiqués ?
(Mon analyse, rédigée en allemand, me semblait peu claire; finalement, rédigée en français, elle ne l'est peut-être pas tellement plus...)
Je suppose que ce travail ne débouchera sur rien, et que personne ne pourra répondre aux interrogations qui sont les miennes à présent...
Surtout pas l'enseignant, animateur de séance plutôt que transmetteur de savoirs... Dommage.
Pour discuter de nos contributions respectives, mes comparses et moi-même nous sommes donné rendez-vous à l'Université, à midi. Quels Français accepteraient de se retrouver de 12 à 14h ?! Mais quand est-ce qu'on mange ? - Eh bien on ne mange pas : le petit déjeuner doit permettre de tenir jusqu'au soir.
L'enseignant avait demandé qu'une jeune fille soit "Projektleiterin", afin de lutter, à son petit niveau, contre la sous-représentation féminine à des postes de responsabilité.
J'avais considéré sa remarque avec un sourire. Jusqu'à remarquer qu'effectivement, les trois jeunes hommes du groupe ont vite fait de prendre les choses en mains, sans vraiment prêter grande attention aux deux jeunes étudiantes Erasmus que nous sommes.
Moment amusant ?
Alors que je raccompagne M., grand, costaud et très barbu, une voiture klaxonne : "Meine Mutter !" s'écrie-t-il, me plantant là pour courir rejoindre sa Maman. L'image est plutôt cocasse.
Il avait toutefois eu le temps de m'expliquer pourquoi l'institut de sciences politiques de Munich lui semblait fonctionner en dépit du bon sens : les professeurs y défendraient une ligne de pensée assez unique, recrutés et soutenus par leur directrice... ancienne Allemande de l'Est, partisane convaincue de la SED, envoyée par le Parti enseigner à Moscou. Qui eût parié que l'institut de sciences politiques de Munich fût marxiste ?
En soirée, "Mädchenabend" dans un restaurant mexicain. Trop de gens, trop de bruit, je rêve de quelques frites, mais dans le calme.
Je m'intéresse particulièrement aux médicaments, et je m'entoure de chiffres intéressants auxquels j'essaye de donner du sens : le prix moyen de la tonne exportée est par exemple deux fois supérieur à celui de la tonne importée (70 000 € contre 35 000 €). L'Allemagne importe donc des produits pharmaceutiques pour peu cher, qu'elle transforme peut-être ensuite, et qu'elle revend alors très cher. Elle importe ainsi près de 400 000 tonnes de produits pharmaceutiques à la France, exporte 70 000 tonnes vers celle-ci, alors que la valeur en Euros des importations et des exportations est identique...
Autre chiffre "intéressant" : le prix moyen de la tonne exporté en Libye est de 14 000 € ; celui de tonne vendue aux USA de 280 000 €. Pour les uns, une tonne de produits ultra-basiques, aux autres des médicaments ultra-sophistiqués ?
(Mon analyse, rédigée en allemand, me semblait peu claire; finalement, rédigée en français, elle ne l'est peut-être pas tellement plus...)
Je suppose que ce travail ne débouchera sur rien, et que personne ne pourra répondre aux interrogations qui sont les miennes à présent...
Surtout pas l'enseignant, animateur de séance plutôt que transmetteur de savoirs... Dommage.
Pour discuter de nos contributions respectives, mes comparses et moi-même nous sommes donné rendez-vous à l'Université, à midi. Quels Français accepteraient de se retrouver de 12 à 14h ?! Mais quand est-ce qu'on mange ? - Eh bien on ne mange pas : le petit déjeuner doit permettre de tenir jusqu'au soir.
L'enseignant avait demandé qu'une jeune fille soit "Projektleiterin", afin de lutter, à son petit niveau, contre la sous-représentation féminine à des postes de responsabilité.
J'avais considéré sa remarque avec un sourire. Jusqu'à remarquer qu'effectivement, les trois jeunes hommes du groupe ont vite fait de prendre les choses en mains, sans vraiment prêter grande attention aux deux jeunes étudiantes Erasmus que nous sommes.
Moment amusant ?
Alors que je raccompagne M., grand, costaud et très barbu, une voiture klaxonne : "Meine Mutter !" s'écrie-t-il, me plantant là pour courir rejoindre sa Maman. L'image est plutôt cocasse.
Il avait toutefois eu le temps de m'expliquer pourquoi l'institut de sciences politiques de Munich lui semblait fonctionner en dépit du bon sens : les professeurs y défendraient une ligne de pensée assez unique, recrutés et soutenus par leur directrice... ancienne Allemande de l'Est, partisane convaincue de la SED, envoyée par le Parti enseigner à Moscou. Qui eût parié que l'institut de sciences politiques de Munich fût marxiste ?
En soirée, "Mädchenabend" dans un restaurant mexicain. Trop de gens, trop de bruit, je rêve de quelques frites, mais dans le calme.
Phrase du jour :
"Sincèrement, je préfère manger au Mac Do dans le calme que dans un bon restaurant hyper bruyant." (Silence. Regard consterné de ma voisine)
jeudi 25 octobre 2012
Munich, jour 23 (Jeudi 25 octobre) : Glypto-Thek et Crypto-Kirche
Aujourd'hui, première séance de notre "Sehschule" dans la Glyptothek.
Kézaco?
La Glyptothek est un musée construit par le roi Ludwig I. au début du XIXème siècle et rassemblant plus de mille ans de sculpture grecque et romaine. Son nom vient du grec ancien γλυπτός / gluptós, « objet gravé » (comme me l'a appris ma jeune prof de grec de lycée alors que je visitais en sa compagnie le musée de Syracuse).
La Sehschule est une forme de cours originale : nous allons déambuler dans le musée à la suite de notre professeur qui commentera pour nous certaines statues.
Ayant déjà visité plusieurs musées de ce type en regrettant mon manque de culture à l'égard de cette forme d'art particulière, je me réjouis de profiter de mon séjour munichois et de la liberté qu'offre l'université pour combler certaines de mes lacunes.
Je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée : sur la vingtaine d'étudiants autorisés à suivre cet enseignement, un quart sont étrangers (un Japonais, un Anglais, une Italienne, et deux Françaises), et un cinquième vivent à la Stiftung.
Après un premier tour dans le musée, le professeur nous demande de choisir (1) un partenaire de travail et (2) une statue que nous aurons envie de présenter à l'ensemble du groupe. En ce qui me concerne, les critères de sélection de l'un ne correspondent pas tout à fait aux critères de préférence de l'autre, mais je suppose que c'est le cas pour certains esthètes.
Toujours est-il qu'un jeune Autrichien et moi avons jeté notre dévolu sur la même statue, une représentation de l'empereur Domitien "in heroischer Nacktheit": J. paraît charmant, tout enthousiaste de se divertir de ses études de droit bien arides grâce à cette initiation à l'histoire de l'art. La rencontre d'un étudiant sympathique, voilà l'un des (seuls) vrais avantages du travail en groupe !
Dans l'après-midi, alors que je travaille très sérieusement sur un texte un peu rébarbatif, un rayon de soleil frappe soudain à la fenêtre : peut-être le dernier avant l'arrivée de l'hiver ? Je ne peux laisser passer une telle occasion et remets mon travail à plus tard !
* * * * * * * *
Bonus :
Les Bavarois, si "evangelisch" soient-ils ("evangelisch" valant comme synonyme pour "open minded", comme chaqcun sait), semblent si fiers de leur propre lanque qu'ici même les chants de Taizé sont traduits dans la langue de Goethe.
Verwirrend, oder ?
A Taizé, c'est notamment le fait de chanter dans une autre langue que la sienne des paroles qu'on connaît depuis l'enfance qui invite à re-découvrir le sens de celles-ci ; j'aime chanter en allemand en Bourgogne ou à Madrid ; à Munich, je regrette un peu de ne pas entendre la version originale de ces quelques "hits".
Bless the Lord, my Soul, and Bless God's Holy Name...
Nada te turbe, Nada te espante... (Version JMJ) (NB: drapeau bavarois agité sur la Place de Cibeles à 4:10)
In manus tuas Pater, commendo spiritum meum.
Kézaco?
La Glyptothek est un musée construit par le roi Ludwig I. au début du XIXème siècle et rassemblant plus de mille ans de sculpture grecque et romaine. Son nom vient du grec ancien γλυπτός / gluptós, « objet gravé » (comme me l'a appris ma jeune prof de grec de lycée alors que je visitais en sa compagnie le musée de Syracuse).
La Sehschule est une forme de cours originale : nous allons déambuler dans le musée à la suite de notre professeur qui commentera pour nous certaines statues.
Ayant déjà visité plusieurs musées de ce type en regrettant mon manque de culture à l'égard de cette forme d'art particulière, je me réjouis de profiter de mon séjour munichois et de la liberté qu'offre l'université pour combler certaines de mes lacunes.
Je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée : sur la vingtaine d'étudiants autorisés à suivre cet enseignement, un quart sont étrangers (un Japonais, un Anglais, une Italienne, et deux Françaises), et un cinquième vivent à la Stiftung.
Après un premier tour dans le musée, le professeur nous demande de choisir (1) un partenaire de travail et (2) une statue que nous aurons envie de présenter à l'ensemble du groupe. En ce qui me concerne, les critères de sélection de l'un ne correspondent pas tout à fait aux critères de préférence de l'autre, mais je suppose que c'est le cas pour certains esthètes.
Toujours est-il qu'un jeune Autrichien et moi avons jeté notre dévolu sur la même statue, une représentation de l'empereur Domitien "in heroischer Nacktheit": J. paraît charmant, tout enthousiaste de se divertir de ses études de droit bien arides grâce à cette initiation à l'histoire de l'art. La rencontre d'un étudiant sympathique, voilà l'un des (seuls) vrais avantages du travail en groupe !
Dans l'après-midi, alors que je travaille très sérieusement sur un texte un peu rébarbatif, un rayon de soleil frappe soudain à la fenêtre : peut-être le dernier avant l'arrivée de l'hiver ? Je ne peux laisser passer une telle occasion et remets mon travail à plus tard !
* * * * * * * *
Bonus :
Les Bavarois, si "evangelisch" soient-ils ("evangelisch" valant comme synonyme pour "open minded", comme chaqcun sait), semblent si fiers de leur propre lanque qu'ici même les chants de Taizé sont traduits dans la langue de Goethe.
Verwirrend, oder ?
A Taizé, c'est notamment le fait de chanter dans une autre langue que la sienne des paroles qu'on connaît depuis l'enfance qui invite à re-découvrir le sens de celles-ci ; j'aime chanter en allemand en Bourgogne ou à Madrid ; à Munich, je regrette un peu de ne pas entendre la version originale de ces quelques "hits".
Bless the Lord, my Soul, and Bless God's Holy Name...
Nada te turbe, Nada te espante... (Version JMJ) (NB: drapeau bavarois agité sur la Place de Cibeles à 4:10)
In manus tuas Pater, commendo spiritum meum.
mercredi 24 octobre 2012
Munich, jour 22 (Mercredi 24 octobre) : Typisch deutsch ?


Je n'ai pas cours tous les jours beaucoup, et profite du beau temps que nous connaissons encore, en ce début d'automne, pour explorer les alentours.
On découvre souvent une sculpture d'art plus ou moins moderne au détour d'une rue.
Ici, un monument qui fait face à la gare (Ostbahnhof) :
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"Im Mittelpunkt steht der Mensch, nicht der Einzelne..." (Reiner Kunze) |
On découvre également certains magasins, qui me paraissent typiquement allemands : qu'en pense mon Papa ?
Dans d'autres, ce sont seulement certains rayons qui rappellent certains passions germaniques : c'est tout de même amusant que, malgré l'Euro, les efforts de coordination politique à l'échelle européenne, et la coopération franco-allemande, il n'existe pas de norme valable sur nos deux territoires en matière de grammage du papier des cahiers d'écolier, ou des formes de cartouches à promouvoir. Malgré tous les cours de civilisation très riches que j'ai suivis, je demeure surprise de devoir adapter ma prise de notes à une marge située à droite, sur du papier-bible, et d'être incapable d'acheter de cartouches d'encre adaptées aux stylos de marque "Parker".
(Malgré toutes mes précautions, ce paragraphe ressemble plutôt à un clin d'oeil à qui accorde une importance extrême aux fournitures de bureau ; pardon aux autres).
Enfin, l'Allemagne a beau ne pas être le pays de la baguette, le magasin Aldi a cependant répandu une machine tout à fait remarquable : afin de permettre le libre service du pain, sans en altérer la conservation, on prie chaque client est de bien vouloir faire tomber lui-même autant de Brötchen délicieusement chauds qu''il lui agréera :
* * * * * * * *
Bonus :
Quel dommage que ma panoplie de déménageuse n'ait pas compris de diable dépliant, ces dernières années !
mardi 23 octobre 2012
Munich, jour 21 (Mardi 23 octobre) : Au sens ontologique du terme ?.
Aujourd'hui, j'assiste à mon premier "séminaire allemand".
Nous sommes censés avoir lu les textes qui doivent servir de cadre à la disecussion.
Portant sur la mémoire, ces textes sont longs, rébarbatifs, et répétitifs. J'ai produit une vague synthèse de ces 50 pages, mais sans être convaincue de la pertinence de mon travail, et j'espère que le Dozent va nous faire prendre conscience du caractère incontournable de certaines questions, de la pertinence de certaines observations.
Que nenni : le Dozent a recopié quelques citations-clefs tirées de ce corpus, et nous propose "de dire ce que nous en pensons".
Or, à ma grande surprise, les autres élèves du groupe disent effectivement "ce qu'ils en pensent".
Sur les 10 étudiants présents, seuls les 3 Français restent méditatifs et dubitatifs.
Chacun commençant son intervention par "moi je pense que", personne ne tient compte des interventions précédentes ni des éventuelles nuances qu'on pourrait apporter à leur position, la "discussion" n'a que peu d'intérêt. Le Dozent, lui, se contente de distribuer la parole sans réellement animer le débat par d'éventuelles mises en perspective du débat ou de salutaires remises en question des positions adoptées par les discourants.
En sortant, je cherche à exprimer, devant mes camarades francophones, pourquoi ce cours m'a paru si "verwirrend". "Parce que tu n'as pas l'habitude que le professeur n'apporte aucun contenu et que les élèves participent sans rien dire de fondamental ?" me propose l'un deux, plus habitués au système allemand. Ce doit être ça... Ce doit être le prix à payer en contre-partie de la "liberté de penser" allemande. Le professeur n'est pas considéré comme "Gott auf der Erde" dès lors qu'il pénètre dans l'amphithéâtre, et ses réflexions font moins figure d'arguments d'autorité, semblerait-il...
En fin d'après-midi, mon cours de traduction m'intéresse beaucoup plus. Nous traduisons du français vers l'allemand, et je suis la seule Française au milieu de 7 ou 8 Allemandes. Le texte, de Drieu la Rochelle (ce classique), est écrit dans un français très simple ; nous discutons pourtant pendant toute une heure de la traduction possible des 5 premières lignes.
J'apporte mon point de vue concernant les nuances du mot "acharnement" par rapport à "Hartnäckigkeit" ou "Verbissenheit" ou "Versessenheit", et nous comparons les contextes d'utilisation des termes "déclic" ou "Aufschluss".
Ce regard porté par d'autres sur ma propre langue m'enchante.
* * * * * * * *
Bonus :
Munich, l'une des rares villes où le rayon "théologie" de la librairie universitaire couvre plus de surface que ceux d'histoire et de philosophie réunis !
Nous sommes censés avoir lu les textes qui doivent servir de cadre à la disecussion.
Portant sur la mémoire, ces textes sont longs, rébarbatifs, et répétitifs. J'ai produit une vague synthèse de ces 50 pages, mais sans être convaincue de la pertinence de mon travail, et j'espère que le Dozent va nous faire prendre conscience du caractère incontournable de certaines questions, de la pertinence de certaines observations.
Que nenni : le Dozent a recopié quelques citations-clefs tirées de ce corpus, et nous propose "de dire ce que nous en pensons".
Or, à ma grande surprise, les autres élèves du groupe disent effectivement "ce qu'ils en pensent".
Sur les 10 étudiants présents, seuls les 3 Français restent méditatifs et dubitatifs.
Chacun commençant son intervention par "moi je pense que", personne ne tient compte des interventions précédentes ni des éventuelles nuances qu'on pourrait apporter à leur position, la "discussion" n'a que peu d'intérêt. Le Dozent, lui, se contente de distribuer la parole sans réellement animer le débat par d'éventuelles mises en perspective du débat ou de salutaires remises en question des positions adoptées par les discourants.
En sortant, je cherche à exprimer, devant mes camarades francophones, pourquoi ce cours m'a paru si "verwirrend". "Parce que tu n'as pas l'habitude que le professeur n'apporte aucun contenu et que les élèves participent sans rien dire de fondamental ?" me propose l'un deux, plus habitués au système allemand. Ce doit être ça... Ce doit être le prix à payer en contre-partie de la "liberté de penser" allemande. Le professeur n'est pas considéré comme "Gott auf der Erde" dès lors qu'il pénètre dans l'amphithéâtre, et ses réflexions font moins figure d'arguments d'autorité, semblerait-il...
En fin d'après-midi, mon cours de traduction m'intéresse beaucoup plus. Nous traduisons du français vers l'allemand, et je suis la seule Française au milieu de 7 ou 8 Allemandes. Le texte, de Drieu la Rochelle (ce classique), est écrit dans un français très simple ; nous discutons pourtant pendant toute une heure de la traduction possible des 5 premières lignes.
J'apporte mon point de vue concernant les nuances du mot "acharnement" par rapport à "Hartnäckigkeit" ou "Verbissenheit" ou "Versessenheit", et nous comparons les contextes d'utilisation des termes "déclic" ou "Aufschluss".
Ce regard porté par d'autres sur ma propre langue m'enchante.
Phrase du jour (en VO, pour une fois) :
"Abusé, dans l'article à lire pour aujourd'hui yavait trop des mots compliqués que je ne sais pas ce qu'ils veulent dire en français. 'Ontologie', par exemple. Ca me rappelle trop des vieux cours de Terminale !"
* * * * * * * *
Bonus :
Munich, l'une des rares villes où le rayon "théologie" de la librairie universitaire couvre plus de surface que ceux d'histoire et de philosophie réunis !
lundi 22 octobre 2012
Munich, jour 20 (Lundi 22 octobre) : Bayern, das Land der bemerkenswerten Schlösser
![]() | |
Piste cyclable le long de l'Isar (en pleine ville) |
Lorsqu'on a reconstruit Munich, après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, on en a supprimé environ une rue sur deux, de sorte que celles qui restent sont aujourd'hui très larges : les trottoirs font fréquemment 4 mètres de large, et comportent quasi-systématiquement une piste cyclable - dont les feuilles mortes sont balayées chaque jour.
Les cyclistes sont de tous types : jeunes enfants, étudiants, hommes d'affaires, mères de famille tractant carriole...
De sorte que, devant chaque magasin, chaque bâtiment de l'université ou chaque station de métro, sont "garés" de nombreux bicycles, souvent sur béquille et avec cadenas très symbolique.
Il m'est arrivé il y a fort longtemps de casser la clé de mon cadenas dans celui-ci, alors qu'il faisait très froid et que le métal était peut-être plus fragile. Je me souviens bien comment Jacques a cassé ce cadenas en quelques secondes, grâce à la gigantesque "pince monseigneur" que notre CPE-préférée conservait dans sa grande armoire... Autant dire que les antivols auxquels se fient la plupart des Munichois cèderaient presque devant une paire de ciseaux...


Examinant toujours soigneusement les vélos proches du mien, afin de me stationner le plus près possible d'un très beau vélo mal attaché, plus tentant pour les éventuels esprits mal intentionnés que ma modeste bicyclette doublement sécurisée, j'ai déjà remarqué, abandonné dans un panier, un joli parapluie au manche ouvragé. Je reconnais avoir envisagé de le voler, afin de faire prendre conscience à sa propriétaire que le mal existe.
Cette confiance dans "son prochain", dont semble témoigner la façon dont les Munichois abandonnent leur vélo, m'impressionne tant que j'en ai déjà parlé à ma grand-mère. Elle y voit une preuve indubitable du civisme dont font preuve "les Allemands", et surtout "les Bavarois" en raison de leur religion/religiosité. Soit.

"Les Allemands". Cette expression a-t-elle seulement un sens ? Auschwitz prouve de quel mal l'homme est capable : c'est donc en tant qu'être humain que je m'en sens coupable. En quoi, et pourquoi, le sentiment de culpabilité du "jeune Allemand" serait-il plus fort que le mien ?
Pour plus de légèreté :
Phrase du jour :
"Les cadenas à vélo allemands, c'est comme les alliances : ça n'empêche pas qu'on les vole, mais cela oblige à le faire sciemment."
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