La participation active des étudiants et le silence des enseignants, continuent de me laisser perplexe.
A Munich, j'ai maintes fois eu l'occasion d'expliquer le système universitaire français. J'ai souligné les faiblesses de celui-ci, le problème du centralisme parisien et de l'hégémonie des grands établissements, le rôle essentiel de l'implicite dans l'orientation et la sélection des étudiants. J'ai remarqué combien les étudiants allemands que je fréquente donnent l'impression de multiplier les activités épanouissantes à côté de leur cursus exigeant.
Pourtant, ce matin, au cours du TD sur le passé nazi, je repense à mes cours d'Hypokhâgne, à ce professeur d'histoire extraordinaire et à ses cours magistraux concernant l'Affaire Dreyfus, l'antisémitisme en Europe, la situation économique et sociale de l'Allemagne des années 1920. Je me réjouis d'avoir pu profiter d'un enseignement général, permettant de replacer les événements et les faits culturels dans un contexte large.
Le séminaire de l'après-midi, portant sur la religion dans nos sociétés "post-sécularisées", laisse, lui, transparaître une certaine malhonnêteté des étudiants qui, sous prétexte d'ouverture d'esprit, posent des questions faussement ingénues.
Le Dozent nous propose de chercher à définir le terme de "religion".
Craignant d'être victimes de leurs a priori européo-centrés (et de leur culture bavaroise ?), ils prétendent vouloir voir plus loin que le seul christianisme, et prennent les exemples du bouddhisme ou du taoïsme. En viennent à se demander si le football n'est pas une religion, si le yoga n'est pas une religion, si la façon dont les Africains vivent leur catholicisme n'est pas plus noble que la pratique des Bavarois. Qu'on soulève ces questions paraît légitime ; que le Dozent n'ait jamais le rôle d'arbitre, d'éclaireur de conscience, ou simplement de porte-parole d'auteurs m'étonne. N'a-t-il rien à répondre à cette jeune fille qui prétend que le concept de transcendance ne lui semble pas pertinent pour définir le concept de "religion" ?
Evidemment, il faut se réjouir de l'ouverture d'esprit des étudiants et se féliciter de la capacité des uns et des autres à prendre la parole en public : peut-être les Français n'en ont-ils pas l'habitude. Reste que la vacuité de certains palabres me navre un tantinet.
Le lundi, c'est aussi cours de version. Je voulais vous soumettre certains exemples de traductions proposés en classe, mais j'ai entre temps appris que l'enseignante était normalienne. Par solidarité de classe, je ne me permettrai désormais plus d'exprimer ma propre opinion à ce sujet. A la place, je lancerai le sondage suivant : qui avait déjà entendu parler du traumatisme de Marine Le Pen, réalisant à 8 ans à quel point la politique pouvait être violente, au moment où un attentat détruisait une bonne partie de la maison familiale ?
Les intéressés trouveront de plus amples informations en lisant l'article suivant, traduit en classe : "Sie gibt sich als moderne Frau – ist sie wirklich harmloser als ihr Vater Jean-Marie Le Pen?"
Phrase du jour :
"Ah, vous avez fait Henri IV et Normale Sup' ? Comme c'est rigolo : moi aussi !"
(Où l'on se rend compte que la notion de "corrélation" est étrangère à certains...)
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